Mobile Payment Expo 09 s'est déroulée à Paris les 17 et 18 Juin 2009. C'était une occasion de découvrir une nouvelle activité regroupant différents acteurs : les banquiers, les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs de service (software et hardware).
La banque mobile peut être définie comme étant la possibilité de réaliser des opérations bancaires via un téléphone mobile. Ces activités bancaires sont principalement :
Ces opérations sont classiques et peuvent être réalisés par internet. Cependant, l'innovation concerne la mise à disposition de celles-ci pour des personnes non bancarisées et également offrir de nouveaux services :
Le crédit mutuel s'est clairement positionné sur ce nouveau marché. Un service pilote lancé en Février 2009 compte déjà 400 000 clients, IBM, de son coté, présente son expérience avec deux projets mondiaux réussis :
Gemalto (un fournisseur de solutions technologiques pour la banque mobile) résume le marché de la banque mobile en deux segments : les clients bancarisés et ceux qui ne le sont pas. Ces populations sont réparties sur trois zones de pays en voie de développement : Amérique latine (principalement la Colombie et le Mexique), l'Afrique (pays subsahariens) et l'Asie. Cependant des freins et des pistes d'amélioration existent et couvrent deux aspects :
Les rapports estiment à 250 millions de dollars le montant des transferts mobiles mondiaux en 2008. Ce marché très prometteur a vu l'émergence de beaucoup de solutions :
Les fournisseurs de solutions ou de services sont aussi assez présents sur le marché. C'est le cas d'Eserv Global, un fournisseur de solution pour opérateur mobile, qui a mis sur le marché une solution de transfert d'argent de mobile à mobile certifié GSMA (3). Cette solution consiste à mettre à disposition des utilisateurs un ensemble d'APIs libres permettant l'accès à leur hub.
La « success strory » la plus connue est le transfert d'argent par mobile M-Pesa (service de Safaricom et de Vodafone) au Kenya avec 6,5 millions d'utilisateurs. Cette initiative vise à résoudre le problème local de banking avec un niveau de bancarisation très bas de la population mais paradoxalement un niveau de possession de téléphone portable assez élevé (exemple l'Afrique du sud, entre 8 et 12% de la population est bancarisée mais plus de 95% possèdent un téléphone mobile). Ces initiatives locales sont difficilement dissociables des projets internationaux de remittance car les flux entrants alimentent les systèmes locaux. D'où le besoin de création de corridors internationaux à destination surtout des pays en voie de développement. Les couples émetteur - récipiendaire couvre une large palette de solutions possibles :
Cet engouement pour le transfert mobile d'argent exige principalement la gestion de deux risques majeurs :
Les transactions en ligne sont déjà nombreuses (paiement, achat, transfert d'argent...) mais sont appelées à augmenter significativement dans un futur proche avec l'apparition de nouveaux services (e-justice, vote...). De multiples solutions sont à disposition pour sécuriser ces transactions :
D'un autre coté, les transactions frauduleuses se développent avec la croissance d'internet avec 2 grandes variantes:
Afin de remédier à ces menaces sur le téléphone mobile, de nombreuses solutions d'identification forte existent ou sont en cours de développement :
Il existe également des solutions de signature électronique basée sur un certificat. Et on distingue:
Les bénéfices de la signature électronique sont
La carte SIM associée au mobile est la meilleure solution pour répondre aux besoins actuels et futurs d'authentification et de signature électronique car le dispositif se distingue grâce à des caractéristiques clés : sécurisé, universel et interactif.
La technologie la plus aboutie est le NFC (Near Field Communication) qui est un mode de communication basé sur une technologie d'échanges de données en champ proche avec une courte portée (quelques centimètres). Il a été standardisé par plusieurs organismes : ISO, ECMA, ETSI et NFC Forum. Le NFC prend en charge trois types de fonctionnement :
Emulation de cartes : le terminal mobile émule le fonctionnement d'une carte à puce sans-contact. Ce mode de fonctionnement requiert un élément sécurisé, la carte SIM dans le cas des téléphones portable. Ce mode est généralement utilisé pour les paiements et les contrôles d'accès.
Lecture de carte ou tags : ce mode permet la lecture des cartes ou des tags passifs sans contact ainsi que le réveil des applications (norme JSR 257).
P2P (pair-à-pair) : ce mode est le plus intéressant car il implémente un mode de communication symétrique (échange d'information entre les deux appareils). L'une ou l'autre partie peut initier la communication (poser des questions / réponses). Ce mode présente un débit assez intéressant : jusqu'à 424 kbps actuellement et prochainement 1Mbps avec les nouvelles spécifications. Le plus grand avantage de ce mode est qu'il ne requiert pas d'élément sécurisé (la sécurité est supportée par la couche applicative).
Le NFC P2P est une technologie dérivée du RFID avec comme avantages : une plus grande taille des données en échange et 3 modes de fonctionnement différents. Cependant, le NFC P2P a une plus courte portée que le RFID. La comparaison par rapport au Bluetooth est tout aussi intéressante. Le NFC P2P présente un débit inférieur (jusqu'à 24 Mbps pour le Bluetooth) mais il ne nécessite pas d'échange de code pour le pairage contrairement au Bluetooth. Le NFC P2P est plus approprié pour les échanges courts alors que le Bluetooth est destiné aux échanges plus longs. En conclusion, NFC P2P et Bluetooth sont intrinsèquement différents mais peuvent être utilisés d'une façon complémentaire. L'architecture de la technologie NFC est composée de :
Les contraintes du NFC P2P sont :
Les exemples d'usage de cette technologie sont nombreux :
En conclusion, la plus grande contrainte de l'utilisation du NFC P2P est le déploiement nécessitant un équipement spécifique. Egalement, cette architecture légère est destinée principalement aux applications ayant des besoins de sécurité faibles. Malgré ces deux inconvénients, la technologie du NFC P2P présente de nombreux cas d'usage intéressants et d'avenir.
Dans ce contexte, mobile P2P (person-to-person) signifie l'envoi d'argent à partir du mobile d'une personne à une autre. Les cas d'usage de ce modèle sortent du modèle du paiement / achat mobile pour viser plutôt l'envoi d'argent dans une communauté (famille ou amis). Quelques exemples sont:
Un autre contexte d'utilisation très proche de la banque et du commerce mobiles est le marketing mobile qui signifie l'envoi d'offres ciblées sur le mobile. Cette activité est poussée par un ROI plus rapide et une cible plus directe et non plus pour faire simplement de la publicité. Un exemple récent est la campagne lancée par Renault pour sa Twingo Nokia sur les téléphones mobiles qui a généré 130 essais automobiles. Le grand avantage de cette démarche est la réactivité du média mobile considéré comme un média « chaud ». D'un coté, les freins du le m-Commerce sont principalement que l'offre et la cible ne sont pas encore bien claires. D'un autre coté, Les leviers sont bien plus nombreux et concrets :
Un enjeu important du m-Commerce est la géolocalisation du client permettant l'envoi d'offres ciblées. Les contraintes techniques ont été résolues et des solutions viables sont disponibles pour n'importe quel terminal. Cependant, le consentement des clients d'être localisés et le souhait de ne pas être traqués restent des freins à la diffusion de cette approche à grande échelle.
L'offre de banque mobile regroupe deux acteurs venant de deux mondes différents : les banquiers et les opérateurs téléphoniques. Les premiers sont destinés par définition à gérer les transactions bancaires de tout genre, mais pour développer cette offre de mobilité ils ont besoin de bénéficier de l'étendu des réseaux et des connections téléphoniques mobiles. C'est pour cela que toutes les offres existantes regroupent une banque et un opérateur téléphonique. Historiquement, cette offre de banque mobile était destinée aux pays en voie de développement afin de répondre aux besoins des populations non bancarisés et la rareté des agences bancaires. Cependant, ces offres ont abouti à d'excellents résultats (surtout M-Pesa au Kenya) ce qui a fait naître l'idée d'étendre cette offre aux pays développés pour répondre à des aspects pratiques et de facilité de gestion bancaire avec le téléphone mobile. Les offres techniques et matérielles, la réglementation et les accords banquiers-opérateurs téléphoniques sont en cours de maturation ce qui présage l'explosion de ce marché et des projets associés dans un avenir proche.
(1) Envoie d'argent d'une personne à une autre.
(2) Near Field Communication.
(3) GSM Association.
(4) La personne qui reçoit l'argent.