SAB, mais les couches web et transactionnelles sont intégrées chez Compte-Nickel. Cet agrément plus léger permet d’opérer des fonctions bancaires à forte valeur ajoutée, ici les paiements, avec une contrainte plus faible tout en s’associant à un partenaire bancaire de plein droit pour la partie CBS qui est elle plus strictement réglementée.
Enfin, d’un point de vue des compétences une FinTech a besoin de connaissances financières et techniques et Hugues Le Bret de pousser le bouchon encore plus loin en nous disant : « nous sommes avant tout une société technologique qui mettons à disposition de tous un moyen universel, simple et temps réel pour payer et être payé ». D’ailleurs, en regardant les membres qui composent l’équipe, la partie ingénierie est puissante et pragmatique avec notamment Ryad Boulanouar et Michel Calmo dont les passés techniques et technologiques dans le secteur monétique sont enviables.
L’ouverture d’un compte chez le buraliste habilité a permis de rassurer et d’atteindre une population pas nécessairement digital native. C’est sur ce point précis que nous dirions que Compte Nickel a eu une idée de génie en profitant du réseau des buralistes en perte de vitesse et qui ont trouvé là un nouveau relai de croissance commercial. Contre l’exclusivité de la distribution du Compte Nickel, une rémunération appropriée, leur engagement a été marqué puisqu’ils sont partie prenante dans l’aventure (« le cochon dans l’omelette aux lardons ») en investissant à hauteur de 6% de prise de capital dans « la Financière des Paiements Electroniques».
(Src: http://appfxtoys.com/)
Par ailleurs, les dirigeants ont compris qu’être ancré sur le territoire « au coin de la rue » chez les buralistes (il en existe 25 000 en France) acteurs véritablement au service des clients (« le buraliste n’a pas d’autres produits bancaires à vendre ») et dont les horaires d’ouverture sont particulièrement étendus, faciliterait l’adoption de la solution. Par ce canal, Compte Nickel bénéficie en plus d’un bouche à oreille exceptionnel.
D’un point de vue sociétal, si nous devions faire un parallèle avec une autre industrie, nous pourrions dire que Compte Nickel est au service bancaire ce que le moteur hybride est à l’automobile : une transition. Pour l’un c’est la transition avant le full digital pour l’autre il s’agit de la transition avant le moteur tout électrique. Dans les deux cas, ce choix intermédiaire est la preuve d’une adaptation intelligente d’une innovation aux contextes sociétaux et technologiques du moment.
C’est un coup de génie pour avoir fait le choix du phygital et de chance d’avoir rencontré les bons partenaires au bon moment dans un timing parfait diront certains !
Hugues Le Bret est très clair : il se concentre sur la fonctionnalité du compte courant exclusivement, mais avec excellence et avec un souci permanent d’améliorer l’expérience utilisateur. Ses prochaines étapes sont les comptes courants pour les mineurs : « heureux un jour, heureux toujours avec Compte Nickel ». Pour le coup cette stratégie est assez classique dans le secteur : capter les clients dès leur plus jeune âge et les garder.
La cible suivante sont les PMEs / TPEs pour lesquelles nous le savons déjà, les offres de services bancaires sont mal adaptées. Mais quand on lui demande s’il compte étendre ses offres de services bancaires au crédit / prêt par exemple, sa réponse est claire : quand il ira dans cette direction, il s’associera en partenariat à d’autres FinTech. Il y a sur la place, et notamment en France, suffisamment de talents ‘FinTech’ qui permettent de servir une couverture métier élargie que ce soit pour les particuliers ou les PMEs.
Cartographie FinTech française (Src : Octo Technology)
Progresser dans l’universalité en adressant toutes les catégories sociaux professionnelles et devenir une véritable « smart bank » : offrir une expérience client hors norme de gestion de ses finances en temps réel, « service dont on ne plus se passer une fois qu’on y a gouté » nous confie-t-il.
Smart Bank (src : .dreamstime.com)
Hugues Le Bret pense bien aussi s’associer à d’autres FinTech si leur philosophie est proche de la sienne et ainsi offrir une gamme de services plus étendue. Techniquement il faudrait par exemple mettre en place des APIs (« Application Program Interface ») pour que les SI (Système d’Information) entre FinTech puissent communiquer avec lui, s’interfacer et ainsi démultiplier la valeur apportée aux clients finaux. Mais ça c’est pour un peu plus tard, ce n’est pas les idées qui manquent.
(src : holytransaction)
Car pour réussir il faut savoir prioriser et « c’est aujourd’hui mon activité principale » nous dit-il. « Nous avons une capacité limitée à faire et des sujets il y en a plein ; certains plus prioritaires que d’autres. Mon job consiste à sélectionner ceux que je vais mettre en haut de la pile, qui doivent être adressés en tout premier et en fonction de la valeur apportée ». Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Oui, en plus d’être visionnaire, Hugues Le Bret est bien un Super PO (Product Owner)!