En zone innovation les compétences IT sont à adapter à son objectif
Pour dé-risquer une innovation métier, on s'appuiera sur des profils moins techniques, moins rares mais suffisamment “débrouillards” pour construire une solution jetable par assemblage d’outils et progiciels permettant de rendre effectivement le service métier. Pour dé-risquer une technologie pour un usage métier donné on fera plutôt ponctuellement appel à des experts techniques/technologiques.
En résumé selon où l’on se place entre la zone innovation ou rationalisation, les objectifs sont distincts et les profils impliqués complémentaires dans le cycle de l’innovation.
En synthèse : quels profils/compétences pour quel objectif
Ces différents moments s’articulent entre eux de manière assez naturelle, nous les avons déjà en partie évoqués. Nous avons schématisé ci-après les passerelles entre chacune des phases possibles de l’innovation.
La chose cruciale dont il faut être conscient est l’enjeu de la phase dans laquelle on entre. Que cherche-t-on à dérisquer : l’usage, la technique, le passage à l’échelle ou la version grand public. Les critères d’analyse liés à l’IT ainsi que les profils mis en jeu ne sont pas les mêmes. Les passages permettent de mieux organiser les équipes et d’optimiser les compétences disponibles dans son organisation.
Cycle de développement de l’innovation
Une démarche d’innovation inspirée de la double posture de l’Entrepreneur et du Venture Capitalist a été décrite dans notre précédent article “Innover comme une startup & investir comme un VC (Venture Capitalist)” puis lors de notre matinale sur l’innovation en mai dernier (la vidéo, le CR).
Cette démarche propose de formaliser 4 phases-clés de construction puis de progression des innovations :
Extrait de la démarche innovation : positionnement du POC, MVP, VLab et de la V1
Exploration : Valider le problème & la solution
Expérimentation : Valider l'usage
Décollage : Valider les 100 premiers utilisateurs
Accélération pour dépasser les 1000 utilisateurs et préparer la pérennisation - sur la base de VLab 1.1 et ce juste avant la version publique : la V1.
En synthèse, le rapprochement de notre démarche d’innovation et de notre cadran actuel :
Où suis-je dans mon processus d’innovation ?
Revenons à la problématique des compétences RH et de leur rareté / coût. Dans la partie innovation, on peut certes avoir besoin d’un expert technique (un spécialiste) sur une compétence étroite. Il sera bien entendu rare et cher mais faire appel à lui ou elle ne se fera que de manière ponctuelle (en une fois ou au fil de l’eau). L’objectif est qu’il soit un accélérateur pour les équipes dont on parlait au départ et qui seront par la suite en charge du développement produit/service dans la zone rationalisation.
Enjeux autour de la technicité du code logiciel
Dans la zone d’innovation métier (en haut à gauche), on s’appuie en particulier sur des outils, technologies ou progiciels dont la technicité de mise en place est moins exigeante en termes de compétences IT. Ils permettent ainsi à des personnes plus transverses et proches des enjeux métiers (moins familières du développement informatique) de mettre en place et à moindre coût des tests d’usages de leurs innovations. Notamment, sur la base de solutions de type SaaS, “No code”, “Low code”, qui une fois assemblées permettent de tester “dans la vraie vie” son innovation produit ou service. C’est une véritable chance pour pouvoir dérisquer des innovations digitales dans un environnement professionnel où les ressources IT deviennent rares et chères.
A titre d’illustration, voici quelques exemples de solutions “Low Code”, “No Code”.
Exemples de solutions “Low Code”, “No Code”
C’est aussi une zone où les experts en UX (“User Experience”) seront cruciaux pour designer le produit ou service innovant. Sur la base d’entretiens, questionnaires, observations terrains, … ils aideront à désigner les innovations en dé-risquant les principales hypothèses et ainsi éviteront de tomber à côté du besoin ‘profond’ des utilisateurs. Ils optimisent ainsi les ressources mises en jeu et évitent les investissements dans une ‘invention’ inutile.
A titre d’exemple, nous pouvons témoigner - pour y avoir participé - que pour tester l’intérêt d’un service de réservation au permis de conduire, le Ministère de l’Intérieur a commencé par un MVP sans code avec une solution SaaS du marché et des opérations manuelles, gérables à petite échelle. L’attractivité de la solution et le succès arrivant, l’équipe s’est alors légitimement posé la question du passage à l’échelle via un développement spécifique (zone rationalisation).
Dans la zone d’innovation métier, l’objectif est de dé-risquer l’usage et non la technique qui le sert. On s’appuie sur des outils, technologies ou progiciels dont la technicité de mise en place est moins exigeante en termes de compétences IT. ex. Solutions “No code”, “Low code”, scripting, assemblage d’outils. Les compétences nécessaires sont en dehors “hardskills” IT rares et chères.
Selon ce que l’on cherche à dé-risquer : l’usage, la technique, le passage à l’échelle ou la version grand public, les critères d’analyse liés à l’IT ainsi que les profils mis en jeu ne sont pas les mêmes. Les passages de phases en phases permettent de mieux organiser les équipes et d’optimiser les compétences disponibles dans son organisation.
En zone rationalisation
En zone innovation technologique
En zone innovation métier
En synthèse, voici les prédominances de compétences/profils selon les objectifs et les “kiffs” de chacun.
Prédominance des profils/compétences IT selon l’objectif et leur “kiff”
Une idée n’émerge jamais d’un seul cerveau. Je voulais remercier ici Arnaud Huon pour nos nombreuses discussions qui ont permis de faire émerger cette analyse et en particulier le tout premier cadran ici présenté. Enfin, merci à Alain Fauré pour nos discussions sur les sujets “Low Code” et “No Code”, sujet qui va être de plus en plus d’actualité ces prochaines années. Si je me trompe que je devienne moine ;-)