Hier soir se tenait la soirée d’inauguration du Scrum User Group France, au Novotel de la Défense. Au programme, une présentation du groupe par Luc Legardeur, suivie de présentations par des invités de marque :
Le French SUG est une association loi 1901 se donnant pour objectif de promouvoir Scrum en France, en fournissant du contenu, des retours d’expérience d’utilisateurs, en facilitant les échanges entre les personnes utilisant Scrum. Il est rattaché à la Scrum Alliance, est gratuit et accessible à tout le monde.
Après 3 mois d’existence, le French SUG compte aujourd’hui 280 membres, ce qui en fait le SUG le plus important du monde. Et malgré les difficultés dans les transports, 130 personnes étaient présentes hier soir.
Un wiki est mis à disposition de tout membre de l’association : chacun est libre d’ajouter du contenu.
Jeff Sutherland nous a donné un aperçu de l’adoption actuelle de Scrum dans le monde, à travers des cas d’utilisation allant du board d’un Venture Group à une équipe de développement en passant par la gestion d’une église (sa femme en est d’ailleurs à son 4e projet).
En chiffres :
Cependant, les équipes Scrum, même imparfaites, sont au moins aussi productives qu’avec leur ancien processus de développement.
Jeff nous a présenté une analogie entre Scrum et la matrice, et les désormais bien connues pillules bleue et rouge.
La pillule bleue est celle qui vous fait revenir à l’état normal : vous avez réalisé un premier projet en Scrum, puis l’organisation reprend la main sur l’équipe, demande à modifier le processus, change l’équipe ou dissous l’équipe … et bientôt Scrum ne sera plus qu’un lointain souvenir.
La pillule rouge elle, est celle qui va vous faire ressentir une sensation de puissance : la productivité de l’équipe va augmenter considérablement et continuera d’augmenter. Jeff pense que cette pillule vous fait entrer dans un monde du « encore plus ». Ceci nécessite d’accepter le changement. Ca prendra du temps, ce ne sera pas toujours facile, mais les résultats finiront par arriver.
Jeff a terminé sa présentation en insistant sur le fait que l’architecture est un point crucial dans le succès de Scrum. Quand il a défini la méthode, Jeff avait en tête la loi Conway : l’architecture du code sera le reflet de l’organisation. Il a donc défini une méthode avec une organisation simple, supportant le changement et les interactions avec les utilisateurs, dans le but d’obtenir des architectures possédant les mêmes caractéristiques.
Dietmar est parti d’un constat simple : dans son organisation, les Product Managers n’avaient pas le temps de bien décrire les besoins, définir les produits. Lorsqu’ils livraient une expression de besoin, il manquait des cas d’utilisation et la testabilité du produit n’était pas prise en compte.
Au final, les plannings glissaient beaucoup et les écarts entre le produit livré et celui attendu par le Product Manager étaient importants.
Leur première réaction a été de placer un Product Owner, pour faire le lien entre les Product Managers et les équipes de développement. Ils sont aussi passés d’un mode de développement « en cascade » à un mode itératif. Une réduction des écarts a été constatée, ainsi qu’une baisse conséquente du délai entre le début des développements et le début des tests.
La deuxième phase du changement a consisté à réinjecter les équipes QA dans les équipes de développement : le QA est alors devenu celui qui prévient des mauvaises nouvelles (plutôt que celui qui annonce les mauvaises nouvelles). Puis les équipes de documentation des produits ont elles aussi été réinjectées dans les équipes de développement. Un nouveau rôle a été crée, celui de Manager Qualité, pour accompagner les équipes dans la mise en place des nouvelles pratiques, mais aussi pour s’assurer du respect des normes Borland.
La dernière étape a été de réduire la taille des équipes pour obtenir plusieurs entités de 6 à 10 personnes (plutôt que des équipes de 20 ou 30 personnes).
Plusieurs leçons ont été tirées :
Dietmar a terminé sa présentation en indiquant que l’agilité est un voyage et non une destination : il faut y aller petit à petit et ne pas toujours essayer de changer tout d’un coup.
Claude Aubry a ensuite pris la parole pour présenter l’adoption de Scrum en France et aussi essayer de comprendre la spécificité du contexte Français : y a-t-il « ze French Scrum Touch ? »
On s’aperçoit rapidement que Scrum est apparue assez tardivement en France : la première formation CSM a été donnée en Novembre 2005, à 12 personnes. Il y a aujourd’hui environ 550 Scrum Masters certifiés en France.
Le contexte Français est-il spécifique ? Pourquoi une adoption si tardive ?
Sur les différents axes de comparaison des organisations, la grosse différence réside dans notre culture, ce qui se ressent sur les contextes projet : un modèle économique particulier (le forfait), la gouvernance qui a imposé une séparation claire entre MOA et MOE (héritage du bâtiment).
Un point peut cependant tourner à notre avantage : la capacité des équipes. Claude considère que les informaticiens Français sont de bons éléments car aimant prendre des initiatives et ayant un esprit assez ouvert.
Il y a donc quelques spécificités dans le contexte Français mais rien aujourd’hui ne semble empêcher la diffusion de Scrum ni la réussite de projets réalisés par des équipes Scrum. Claude note cependant qu’il y a aujourd’hui un manque en retours d’expérience de gros projets menés en Scrum.
Dernière présentation de cette soirée par Guillaume Bodet, qui nous présente l’état de ses réflexions sur comment vendre Scrum.
Scrum apparaît comme le graal du processus de développement (livrer plus vite, plus souvent pour moins cher un produit qui répond exactement aux besoins des utilisateurs). Scrum, c’est simple. Alors quel est le problème ?
Les deux premiers kits sont :
Guillaume nous propose donc de plus se recentrer sur la valeur, et de s’intéresser aux contextes où la valeur est mise en avant (à l’opposé de ceux où c'est le coût qui est mis en avant) : éditeurs de logiciels, fournisseurs de services, DSI de grands comptes, … Il n’est plus nécessaire d’adopter un discours défensif : Scrum est une méthode reconnue et qui porte ses fruits, on peut donc se concentrer sur le comment et le pourquoi (time-to-market, prédictibilité, coût, …) plutôt que sur la démonstration des bienfaits de la méthode. Cependant, Guillaume insiste sur deux points :
Ce fut donc une soirée enrichissante, permettant de profiter de retours d’expérience et d’échanger avec des personnes d’horizons variés.
La prochaine soirée du French SUG aura lieu le 18 Juin à l’EPITA, pour un World Café. Plus d’informations sur www.frenchsug.org et sur www.meetup.com/frenchsug.
Autres retours sur la soirée