Une attention particulière est portée par le coach afin de ne pas avoir "d'agenda caché" pour le coaché. C'est à dire de plan ou stratégie prédéfini qui l'empêcherait de l'écouter efficacement en le laissant élaborer et cheminer pour trouver ses propres solutions.
C'était la première fois que je faisais une mise en situation avec deux coachs et c'était riche en enseignements. Je souhaite partager avec vous quatre temps qui m'ont particulièrement marqués lors de cette journée :
Dans la suite de l'article, le rôle que j'ai endossé lors des mises en situation est précisé [entre crochets].
[Observateur] Lors d'une mise en situation j'ai observé deux coachs travailler avec deux postures très différentes. L'un utilisait un questionnement ouvert, l'autre fermé. Je me suis demandé quelle relation existait entre eux à ce moment-là ? Étaient-ils à l’écoute l'un de l’autre ? J’ai eu l’impression qu'ils prenaient la parole à tour de rôle avec leurs propres questions, stratégies, sans coordination, au détriment de ce qui se jouait dans l'ici et maintenant. La conséquence est que je n'ai pas senti le coaché travailler tant que ça.
[Coach] Il s'est produit dans cette séquence très riche un curieux phénomène.
M. manager dit qu’il manque de temps et travaille dans l’urgence. Il regrette d'être le seul à prendre la parole lors du point d'équipe hebdomadaire et a du mal à donner une place à ses collaborateurs lors de ces points. Sa demande est de mieux gérer le temps et faire en sorte que ses collaborateurs participent davantage aux points d'équipe.
Ma binôme coach a entamé l'entretien en questionnant la coachée à un rythme effréné. À ce moment-là j’ai perdu le contact avec elle. Je n’arrivais pas à m'exprimer ce qui à fini par m'agacer. Elle s'en est rendu compte et nous avons fait une pause pour en parler. Ça à été un moment crucial dans notre relation.
Lorsque nous n'étions plus en lien, chacun de nous s'est senti mal à l'aise. De l'empathie est née lors de la verbalisation de mon inconfort. Ce qui a littéralement transformé la relation et nous a permis de nous reconnecter. Le rythme fut alors beaucoup plus ajusté et bénéfique pour le coaché.
Il est intéressant de constater que la coach semble avoir reproduit un schéma de son coaché : mais pourquoi donc ? Quelque soit ce qui s'est joué lors de cette séance, je me suis dit que c'était sûrement un excellent sujet à emmener en espace de supervision. Ce fut pour moi le moment le plus intéressant de la journée.
[Coaché] Lors d'une autre mise en situation, j'ai trouvé très aidant les silences posés par le binôme de coachs, ça m’a permis d'élaborer mes propres solutions.
À condition d'être en "pouvoir pour" et non "pouvoir sur".
[Coach] Je privilégiais jusque-là une posture basse sur le contenu, m'interdisant presque d'intervenir sur le contenu. Dans ce cas, proposer une option a la coachée lui a permis de débloquer la situation. Elle a pris conscience qu'une autre solution était possible. Cela a opéré comme un recadrage, ce que je n'avais absolument pas prévu : j'ai suivi mon intuition et ça a marché !
Cette journée m'a permis d'expérimenter ma posture de coach dans un cadre bienveillant via des mises en situation et d’observer les autres ce qui à été très apprenant. La partie débriefing était également très intéressante. Pas mal de prises de conscience et de confirmations pour moi lors de cette journée :
Un grand merci aux organisateurs Caroline Damour et Julien Rayneau, à la facilitatrice Oana Juncu ainsi qu'à /ut7 pour l'hébergement. Sans oublier les participants pour leur bonne humeur, bienveillance et la richesse des échanges. Merci enfin aux relecteurs de cet article.