BBVA qui a intégré la fintech Simple. D’autres s’allient pour rivaliser contre les GAFA dans le rachat par exemple de la filière de cartographie Here de Nokia.
Le challenge digital de la SNCF, où comment animer un écosystème de startups, d’écoles, de partenaires, en dehors des murs de l’entreprise. Se transformer, c’est aussi s’ouvrir...
Une entreprise comme la SNCF, entreprise analogique archétypale, est en pleine transformation digitale pour faire face au monde qui change. Elle est menacée par des nouvelles formes de concurrence parce que précisément au cœur d’une proposition de valeur dans les transports secouées de douleurs et de nouvelles attentes du public. Héritière d’un monopole qui faisait sens dans un monde analogique, la SNCF doit relever le défi du digital qui déplace les infrastructures de transport au plus près des voyageurs : leur Smartphone et les nouvelles formes de mobilité. Le digital redessine le potentiel des services nomades, plaçant la multi-modalité et la personnalisation des parcours au cœur des pratiques de voyage.
L’entrée dans l’ère digitale n’est pas nouvelle pour la SNCF. Cependant, 2015 cristallise des signaux qui montrent qu’elle accélère sa mutation numérique.
Il n’est plus question de faire préférer le train. La SNCF se met à la place du client final en adressant des solutions multi-modales comme socle d’expérience globale réclamée par la multitude de clients : qui consiste à proposer de la valeur de bout en bout, un ensemble de services innovants, complémentaires sur l’ensemble de la journée du voyageur : 10 millions de clients de la SNCF. Le voyage ne démarre pas en gare et à quai. Il faut aussi simplifier le trajet à la gare. Simplifier l’expérience globale du voyage.
Ainsi donc, on assiste à un passage à l'acte plus qu'une prise de conscience . Le chantier de la transformation numérique des entreprises est bien en cours.
Après, ces entreprises seront devenues une capacité à concevoir en continu des services qui répondent rapidement aux attentes des clients finaux, avec cette stratégie très GAFA d'être présent de manière personnalisée sur tous les moments de la customer journey que le digital peut adresser. Mais surtout pour engranger de la valeur client. Une nécessité pour faire jouer la préférence d’usage et donc de marque, pour mieux conquérir et fidéliser. "S'être transformé, c'est s'être plateformé".
Tous les secteurs sont impactés par la digitalisation de l’expérience client : des nouveaux entrants auxquels s’allier, contres lesquels lutter...
Et dans ce cadre, on peut envisager trois approches d’optimisation de la chaine de valeur :
Nike, an Experience Company as an enabler platform
La marque emblématique des runners s’est aventurée dans l’industrialisation d’un objet connecté, le fameux nikefuel band pour la valorisation des data de mesure sportives.
Elle a appris dès 2010 à dépasser son métier historique (lire le cas d’étude Nike) et embrasser la pratique du Quantified self pour mettre de l’intelligence dans les données. Elle a contribué à démocratiser cet usage qui correspondait à un besoin latent de sa communauté de clients. Pour se faire, elle a investi en 2014, une double démarche, de pilotage par les données et d’Open innovation, afin de consolider un écosystème de partenaires autour de son API. Nike concentre aujourd’hui toute son activité et ses efforts d’investissement dans une plateforme ouverte Nike + sur laquelle viennent se greffer des apis partenaires. Elle devient un « enabler » pour reprendre l’une des trois postures évoquées ci-dessus.
L’entreprise a même choisi d’abandonner son bracelet connecté pour se concentrer sur son capital marque qui légitime auprès de ses clients l’exploitation de leur data d’expérience sportive. Nike est devenu un « enabler » digital pour ses partenaires toujours plus nombreux. Et surtout, elle rivalise avec les GAFA en animant une masse considérable de clients.
Year nike +fuel band community : 28 millions d’utilisateurs de l’écosystème Nike+
Nike est devenue à la fois animateur de la multitude en jouant la valeur de l’ hyper personnalisation pour chaque client (customer centric experience design), et « broaker de data » comme source de revenu et d’innovation pour elle et ses partenaires. Toutes entreprises du marché du sport et sportwear, voire aussi plus largement dans les domaines du lifestyle, songent à brancher leur API sur la plateforme de Nike. Ou au contraire, à faire face à la menace d'un tel écosystème : Adidas en réaction, tente en 2014 de monter un écosystème en ouvrant sa plateforme API micoach. Un match à suivre...
Après l’Âge digital, on passe à l'Âge de l'eXpérience : on commence à parler d'entreprise servicielle ou d'eXperience Company ou de Design Company . La notion même d’entreprise digitale sera moins évocatrice car le digital aura irrigué le monde, les métiers et processus de l’entreprise et les services. Il ne sera plus besoin d’opposer cette notion à celle d’entreprise analogique puisque toute entreprise performante aura fait sa mue digitale. On opposera des plateformes d' écosystèmes (celui de Nike versus Adidas par exemple) puisque les entreprises seront plus que des organisations mais des plateformes au service de la multitude des clients.
Sur chacun des moments de la customer journey, ces "entreprises mutées" chercheront-et-sauront tirer de la valeur : des données, de la connaissance client qui pourront être alors valorisées.
Plutôt que de chaine de valeur, nous sommes dans une boucle de valeur à l'Âge Digital et de « l’entreprise au carré". Schéma inspiré des réflexions de Henri Verdier et Nicolas Colin, de Bassem Hassem et Tim O’Reilly
Lorsqu'on parle de chaine de valeur de l’entreprise, ce n'est plus celle centrée sur l'entreprise et ses métiers, séquençant la transformation par étape de la production. Il faut aller au delà à l‘instar d’une entreprise comme Nike. On devrait parler de boucle de valeur entre l’écosystème de l’entreprise et les écosystèmes des clients, avec cette unique visée : la maitrise de la multitude pour en récolter les insights et besoins latents à valoriser, pour une mise sur le marché très rapide grâce à une logique d’intégration et développement continue (devops).
Dans l'après transition numérique, on ne parlera pas d'entreprise digitale mais de provider de service global :
A OCTO, nous anticipons le conseil digital au-delà de l'accompagnement à la digitalisation : le conseil en digitalisation c’est aussi l'accompagnement à la mise en place d'écosystèmes d'expériences valorisables, qui mixent Data driven et plateforme d’API, pensée Design, connaissance des usages, marketing stratégique, management de l’innovation et Open Innovation, Lean Startup en entreprise, et Developpement Agile (devops). C’est aussi animer une réflexion autour des modèles d’affaires et des modèles organisationnels humains (entreprise 3.0).
Après la transformation digitale, l’entreprise a muté et sait animer sa boucle de valeur. On pourrait parler d’"Enterprise Squared", par analogie au Web Squared de Tim O’Reilly. Avec cette vision qui serait de penser l'entreprise comme réseau, soluble et ouverte au monde qui l'entoure, as a platform, comme pour mieux s'en imprégner et y puiser de la connaissance pour, en réponse sur un Time To Market très court, délivrer de la valeur... avec ses collaborateurs et partenaires, avec et pour ses clients. La boucle est bouclée.